Le Sexe est Sacré
- Chloe Hamon
- 27 déc. 2024
- 9 min de lecture

En considérant les deux situations différentes et opposées qui se sont produites (Gisèle Pelicot et Lily Phillips) récemment, j'ai été amenée à analyser ces événements plus en profondeur.
Il semble qu'un schéma paradoxal émerge. L’objectification des femmes n’a pas diminué ; elle a simplement pris un nouveau visage, un masque plus sinistre et pervers. La génération OnlyFans est un symptôme de ce qu’on appelle la "libération sexuelle" féministe.
Mais qu’est-ce exactement ? Est-ce vraiment la libération des femmes, ou est-ce une inversion des énergies ? Est-ce que les femmes, dans un effort pour se protéger, ont intégré les perversions souvent associées à certains hommes ? Agissent-elles comme si elles le désiraient plutôt que de risquer d’être exploitées ? Les hommes eux-mêmes adoptent-ils des fantasmes qui ne leur appartiennent pas pour se sentir intégrés ?
Dans leur quête de liberté, les femmes ont adopté les perversions d’une énergie masculine malsaine pour survivre dans cette société. Cet animus déséquilibré s’est mêlé aux émotions réprimées et mène désormais la danse chez les femmes, dictant des récits et des comportements qui semblent être une libération mais qui, en réalité, sont de nouvelles chaînes. Ce que nous appelons "libération" pourrait bien avoir aggravé la déconnexion des femmes avec un plaisir vrai, profond et sacré. Les hommes et leur anima ont aussi été victimes d'un schéma similaire : dans l'effort d'intégrer leur part féminine, ils sont devenus "trop" ouverts d'esprit, trop flex, n'offrant aucun cadre moral pour le bien-être de la société. En voulant être plus compréhensifs, ils sont devenus trop laxistes, trop faibles pour défendre des valeurs saines. Ils n'agissent plus avec intégrité. Sous l'excuse de "corriger" les siècles de répression des femmes, ils les laissent se dégrader et s'humilier, et y participent aveuglément.
Le pendule est allé trop loin dans son opposé.
Il existe une distorsion entre l’idée de la libération sexuelle et la qualité réelle du plaisir que les femmes expérimentent. La vérité plus profonde de la libération féminine ne réside pas dans l’imitation de ces schémas, mais dans la réappropriation de l’essence sacrée du féminin. En laissant le narratif changer, les femmes ont perdu le sentiment de sécurité dans les relations, l’innocence d’esprit, et la possibilité d’un homme qui ne les objectifie pas. Des jouets et gadgets sont créés chaque jour pour combler le vide laissé par l’absence de connexion et d’amour véritable—un vide entretenu par une culture qui ne sacralise plus le corps comme un temple ni la sexualité comme un acte sacré.
Oui, nous pouvons aujourd'hui parler librement de sexualité, mais une limite doit être fixée. Oui, nous reconnaissons maintenant le pouvoir du plaisir et du toucher, mais des frontières doivent être établies. En tant que société, nous décidons où se situe cette limite. La véritable libération sexuelle est enracinée dans la sacralité—l’honneur du corps comme temple et de la sexualité comme acte sacré, dans l’incarnation d’un plaisir profond, où le corps et l’âme s’alignent, et où la sexualité devient un acte d’union, et non de consommation.
Sensationalisme et Abus
Par ailleurs, la situation impliquant la femme française a révélé autre chose. L’exposition des abus est nécessaire pour guérir, mais lorsqu’elle est sensationnalisée, elle risque d’être réduite à un spectacle, alimentant les ombres au lieu de les illuminer. Je ne dis pas qu’il ne faut pas en parler—je ressens un soulagement que les abus soient enfin reconnus et que ces hommes soient condamnés. Mais il y a une maladie dans la manière dont ces histoires sont consommées.
Cette fascination voyeuriste pour le traumatisme reflète une maladie collective : une curiosité perverse qui maintient le focus sur la blessure plutôt que sur la guérison. La curiosité des masses n’est pas motivée par l’engagement ou l’empathie. J’ai vu des hommes obsédés par ces récits, répétant le mot "viol" comme une fascination. C’est aussi pervers que de prendre des photos d’accidents de voiture, mais pire. Cela dérange—une implication voyeuriste dans le traumatisme qui effleure les abus sans véritable compréhension ni soin. Ces récits ne concernent pas seulement les actes eux-mêmes, mais aussi les systèmes et les vides qui les permettent—la déconnexion des êtres avec le sens de leur vie, un sens de direction, de l’amour, et d'une énergie masculine et féminine saine.
C'est aberrant que ce genre de chose arrive. Que ce vide soit si intense en certains individus que quelque chose de si pur et beau soit détourné ainsi. Ce qui est encore plus dingue, c'est que quelques semaines plus tard, nous entendons parler d'une jeune femme qui le fait pour de l'argent et de la célébrité.
Que cherche à faire l’humanité ? Quelle part d’elle-même essaie-t-elle d’intégrer ?
Le Féminin Sombre et le Masculin Destructeur
Cette déconnexion n’est pas limitée aux hommes. Les femmes aussi sont prises dans cette distorsion. La soi-disant libération sexuelle conduit souvent non pas à un plaisir plus profond ou à une liberté, mais à une expérience désincarnée de la sexualité—rapide, à haute friction, et dépourvue de véritable connexion. Le féminin, dans son essence, est doux, lent, et profondément réceptif. Son plaisir réside dans l’intimité, dans la fusion des âmes et des corps dans un acte sacré. Le féminin sombre est sensuel et sexuel, mais il est aussi mature et voit la sexualité comme sacrée. Ce que nous observons aujourd’hui n’est pas cela—c’est une pure immaturité, une énergie masculine destructrice déguisée en libération.
Déconnexion et Vide
Que se passe-t-il dans l’esprit de ces hommes ? En observant les procès de Pelicot et le documentaire sur Phillips, nous voyons des hommes passifs et dissociés se décrire comme « curieux », «influencés», ou encore disant qu’ils « ne savaient pas pourquoi » ils l’ont fait. Ce ne sont pas les paroles de psychopathes, mais celles d’hommes faibles — des hommes sans but, remplissant leurs vides par une stimulation toujours croissante. Il est probable que la plupart d’entre eux ne considèrent même pas ces actes comme un fantasme particulier ; ils cherchaient simplement à "ressentir quelque chose", se traumatisant eux-mêmes dans ce processus. Ils doivent porter en eux la honte, le sentiment de ne pas valoir grand-chose, et une déconnexion de l’amour pour agir de manière aussi désincarnée et vide d’âme.
Que se passe-t-il dans l’esprit des femmes qui se sexualisent à outrance ? Ces femmes ne sont souvent pas aussi confiantes et autonomes qu’elles prétendent être. Sous la surface, nous voyons des femmes déconnectées de leur véritable essence féminine, leur valeur étant liée à une validation extérieure plutôt qu’à un alignement intérieur. Elles peuvent décrire leurs actions comme « libératrices » ou comme une manière de « s’approprier leur pouvoir », mais beaucoup répondent simplement à un vide profond — essayant de ressentir quelque chose en cherchant de l’attention, des applaudissements ou des moments éphémères de reconnaissance.
Cette hyper-sexualisation n’est que rarement enracinée dans une véritable confiance ou une joie sincère. Elle découle souvent d’une honte non résolue, d’un moi fragmenté, et d’une profonde déconnexion du plaisir sacré. Ces femmes ont intériorisé des messages sociétaux qui associent la valeur à la désirabilité et la visibilité à la validation. Elles jouent un rôle, non pas parce que cela les comble, mais parce qu’elles ont été conditionnées à croire que c’est ainsi que se manifeste le pouvoir. C’est un cycle de recherche — toujours plus de regards, plus de « j’aime », plus de confirmation — tandis que le vide intérieur reste non guéri. La flamboyance de leurs actions masque une douleur silencieuse, un besoin d’amour, de connexion et d’authenticité. De la même manière que les hommes avec lesquels elles interagissent agissent par manque de but, ces femmes agissent souvent par manque de reconnaissance de soi, confondant hyper-sexualisation avec libération et visibilité avec intimité.
Les deux sont perdus dans un monde où la sacralité de la sexualité a été échangée contre des transactions superficielles de pouvoir, laissant chaque camp plus vide qu’auparavant.
Reconnexion au Sacré
Qu’est-ce que la sexualité ? Pourquoi est-elle devenue si déformée ?
Je voudrais la liberté du sexe, la liberté du plaisir, la liberté de redevenir sauvage.
Pas sa perversion. Pas sa mise en avant. Pas sa désacralisation.
La sexualité n’est pas seulement un acte physique ; elle est profondément connectée à notre psyché, notre âme, et notre cœur. Lorsqu’elle est traitée de manière désinvolte ou irrespectueuse, elle crée une dissonance énergétique. La vraie liberté sexuelle consiste à honorer la plénitude de soi-même et de son partenaire. Il s’agit de reconnaître la sexualité comme une union sacrée, non une transaction éphémère ou une performance. Pour moi, et pour de nombreuses civilisations avant nous, la sexualité est une union sacrée. C’est le masculin et le féminin qui se rejoignent pour créer quelque chose—plaisir, connexion, profondeur, passion, un enfant, ou même de l’art. La sexualité est de l’art, de l’alchimie. C’est le don de la création, qu’un enfant en résulte ou non. Et ainsi, elle ne peut être prise à la légère. Pratiquée avec joie, oui, mais jamais de manière creuse. Elle est sacrée car elle reflète l’union cosmique, l’interaction des forces divines qui soutiennent la vie elle-même. La désacraliser, c’est se déconnecter de son pouvoir et de sa magie.
Ce que cette décennie nous montre, c’est que c'est le début de la fin. Et dans chaque fin, il y a une renaissance à l’horizon.
Revenir à la Plénitude
La guérison commence par la conscience de soi. Nous devons nous poser des questions difficiles :
Comment ressentons-nous vraiment notre relation avec notre corps, nos partenaires, et notre énergie sexuelle ? Poursuivons-nous quelque chose de superficiel, ou recherchons-nous des connexions profondes et épanouissantes ?
Le chemin à suivre consiste à rétablir le sacré, à nous éduquer, ainsi que les autres, sur le pouvoir et la beauté de la sexualité lorsqu’elle est alignée avec l’amour, le respect, et l’intention. Ce n’est qu’en comprenant ces vérités que nous pourrons briser les cycles toxiques et retrouver la plénitude que la sexualité a toujours été censée incarner.
Les Énergies Détournées
Le Masculin : Le masculin malsain se manifeste par la domination, le détachement et la déconnexion. Il apparaît chez les hommes et les femmes sous forme de contrôle, d’agressivité ou d’apathie — des moyens de combler le vide laissé par l’absence de but et de connexion authentique.
Cette distorsion conduit souvent à des comportements qui objectivent, suppriment ou commercialisent le féminin, lui retirant sa sacralité. Ce n’est pas intrinsèquement "maléfique", mais plutôt le résultat d’un conditionnement sociétal profond et de blessures collectives issues de générations de patriarcat. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un masculin sain : une force de protection, de clarté, d’action avec un but, et une énergie d’ancrage qui honore le féminin. Cette énergie crée des structures qui permettent à la créativité, à la sensualité et à la vie elle-même de s’épanouir.
Le Féminin : Le féminin malsain, peut prendre des formes de manipulation, de victimisation ou d’adoption des traits du masculin distordu pour survivre. Il peut aussi se manifester par un chaos excessif, un manque de limites et une désincarnation. Le féminin sacré, dans sa forme saine, est nourricier, intuitif, profondément sensuel et transformateur. Il fait confiance au flux de la vie tout en restant ancré dans sa valeur personnelle et sa souveraineté.
Pour rétablir cet équilibre, le féminin doit reprendre son caractère sacré, abandonnant le besoin de prouver sa valeur en imitant les traits du masculin malsain.
Ce qui manque : l’intégration des opposés
L’objectif ultime n’est pas seulement l’équilibre des énergies masculine et féminine, mais leur intégration au sein de chaque individu. Tant les hommes que les femmes doivent incarner les aspects sains de ces polarités pour créer une complétude intérieure. Cela signifie cultiver un féminin intuitif et réceptif, mais aussi puissant et capable de fixer des limites, ainsi qu’un masculin fort et protecteur, mais également vulnérable et connecté émotionnellement.
Le Rôle de l’Union Sacrée : Au-delà de la guérison individuelle, l’interaction des énergies masculine et féminine dans les relations (romantiques ou autres) sert de miroir à la guérison collective. Chaque polarité aide l’autre à grandir. Par exemple, le féminin inspire le masculin à agir avec amour et intention, tandis que le masculin fournit un cadre dans lequel le féminin peut s’exprimer et créer librement.
Cette union sacrée ne se limite pas à la sexualité, mais imprègne tous les aspects de la vie — collaboration, art, leadership, et même dans les structures sociétales.
L’Ombre Collective
La polarité actuelle reflète donc des blessures collectives. Le masculin se sent indigne, perdu et honteux ; le féminin se sent en insécurité, invisible et dévalorisé. Ces ombres se manifestent dans les dynamiques actuelles, y compris l’hypersexualisation, le sensationnalisme et la déconnexion du sacré.
La guérison exige de reconnaître et d’intégrer ces ombres sans blâme — les voir comme des symptômes de déséquilibres plus profonds.
Nous sommes à un seuil où le collectif appelle à une renaissance, non pas par la domination ou la rébellion, mais par le souvenir de notre nature divine. Il ne s’agit pas de choisir un camp (masculin contre féminin) mais d’harmoniser leur danse. L’union sacrée de ces énergies ne concerne pas seulement la sexualité ou les relations, mais chaque acte de création, de la manière dont nous vivons et dirigeons à la façon dont nous guérissons et aimons. En incarnant ces vérités dans nos propres vies, nous devenons les semences de cette renaissance.
Ce dont nous avons le plus besoin, c’est de courage : le courage d’agir avec intégrité (masculin) et le courage de ressentir profondément et de faire confiance (féminin). Ensemble, ces énergies peuvent créer un monde qui vénère à la fois l’esprit et la matière, la structure et le flux.
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